Chabatz d’entrar ! (2)

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Ceci est la suite de l’article « C’est quoi l’occitan ? ». Il s’agit de sa partie historique.

Au Moyen Age, l’occitan était une langue importante en Europe. Dante parlait occitan et on dit qu’il a hésité à écrire la Divine comédie dans cette langue. Elle était parlée par les grands poètes de l’époque qui fréquentaient les châteaux des Seigneurs et la Cour royale. Les troubadours de Corrèze (Gaucelm Faïdit, Bernard de Ventadour…) allaient de château en château avec leurs instruments de musique pour distraire les puissants de l’époque. Leurs poèmes chantés parlaient du « fin’amour » (l’amour courtois) qui mettait la femme sur un piédestal.


C’est à partir du 15e siècle que le déclin de l’Occitan va commencer. D’abord le Roi François 1er (en 1539) impose que le latin ne soit plus utilisé pour tous les Edits royaux. La langue d’Oï, le parler autour de la Cour du Roi, commence à prendre une place importante.

Puis, à l’époque de la Révolution Française (1789 et les années suivantes) les députés révolutionnaires vont imposer le parler de Paris et des villes autour (comme Orléans, Tour…). Pour eux, c’est la langue des Lumières et la langue commune nécessaire pour fédérer la Nation : à l’époque la France était en guerre contre les monarchies européennes et il était essentiel que les soldats ne parlent tous la même langue. Ensuite les parlers du sud seront discriminés à l’école et perdront leur influence.
En 1882, l’école devient obligatoire pour tous les enfants de France (jusqu’à 13 ans) et le gouvernement veut imposer le français dès le plus jeune âge. Mon père, né en 1928, scolarisé en 1934, me racontait que les enfants qui parlaient « le patois » en jouant dans la cour de l’école étaient punis. Sa maîtresse mettait des grains de blé sur le plancher en bois de l’école et les désobéissants devaient se mettre à genoux sur les grains pendant un long moment. A l’époque les garçons portaient des pantalons courts et les grains entraient dans la chair ! Selon mon père, c’était « une vraie torture ».

Dans les années 70, des professeurs et des familles désirent maintenir l’occitan comme un patrimoine vivant du sud. Personnellement, aidée par mon professeur de littérature française et par ma grand-mère, j’ai présenté un examen en occitan au Baccalauréat (comme ma 3e langue).

Aujourd’hui on estime que 7% des habitants de la Nouvelle-Aquitaine parlent l’occitan. En limousin, probablement davantage car c’est une région très rurale.

Cet organisme s’occupe de la promotion de l’occitan : organiser des cours, faire des campagnes de publicité. L’affichage de la dernière, moderne et humoristique (voir ci-contre) a obtenu un Prix. (2021)

Vous utilisez parfois l’expression « avoir la gnaque » ? Alors vous parlez déjà occitan ! C’est du français un peu familier mais très utilisé.
Donner un poutou = donner un baiser.
Je trouver l’expression un peu datée. Mais on me dit que dans le sud de l’Aquitaine elle est restée vivante. Alors, vous entendrez peu-être une personne dire à un petit enfant : »allez…donne moi un poutou ! »

Au fait, une explication sur le titre de cet article : « chabatz d’entra » veut dire littéralement « finissez d’entrer ». « Bienvenue » en français. On trouve parfois cette inscription sur certaines maisons.