« Féminicide ». Un nouveau mot qui est maintenant souvent utilisé dans la presse pour parler de crimes contre les femmes, et plus particulièrement lorsque des femmes décèdent du fait de violences conjugales. (1) violences conjugales = violences dans le couple, de l’un sur l’autre. La violence peut être verbale, physique, psychologique… Niveau C1, C2.
Quelques chiffres d’abord : En France, presque tous les 3 jours, une femme meurt, tuée par son mari ou son compagnon. En 2018 : 121 femmes tuées (et 28 hommes)
Article Aujourd’hui en France : « Du 3/9/19 au 25 novembre 2019 : le Grenelle (2) des violences conjugales commence » (2) un Grenelle = une réunion très importante
La loi française protège pourtant bien les victimes de ce type de violences :
- elles peuvent déposer une plainte dans un commissariat
- depuis 2014, on peut leur donner un téléphone spécial « Grave Danger ». C’est un téléphone avec une touche « Appel d’Urgence Police », géolocalisé, qui permet de signaler à la Police la présence conjoint violent pas loin.
- il existe aussi un « bracelet d’éloignement », posé sur le conjoint : s’il entre dans le quartier où habite sa victime (ou s’approche de la victime) la police est prévenue.
Mais… le système ne fonctionne pas ! Les victimes restent toujours nombreuses. Pourquoi cet échec ?
- les agents dans les commissariats n’ont pas toujours eu une bonne formation sur ce problème et renvoient souvent les femmes chez elles sans enregistrer la plainte qui permettrait de condamner l’homme (c’est ce qui s’est passé pour Johanna, la dernière victime – voir fin de l’article)
- 60 % des 756 téléphones d’urgence « Grave Danger » restent dans les tiroirs car, pour en obtenir un, la femme doit obtenir une « ordonnance de protection » d’un juge. Et comme les juges français ont beaucoup de dossiers à étudier cela peut prendre des mois – pendant lesquels le conjoint violent peut les menacer, continuer ses violences.
- Et les bracelets de protection ? L’été 2019, lorsqu’une nouvelle jeune femme est tuée, on apprend qu’ils n’ont …jamais servi ! D’abord, parce que le décret d’application de la loi n’a pas été publié au Journal Officiel. Et, en plus, que ce bracelet ne peut être posé que sur un homme condamné à plus de 2 ans de prison. Lors des séparations récentes, si le conjoint n’a pas été jugé au Tribunal, les femmes ne sont pas protégées.
Alors, pendant l’été 2019, la coupe déborde : en juin, 9 femmes sont tuées ! A la fin du mois, le Journal « Le Parisien » publie une tribune, en première page, de 5 familles de femmes mortellement victimes, qui dénonce l’inefficacité du système judiciaire et demande au Gouvernement de « mettre fin au massacre ».
Voici le début du texte : « Elles s’appelaient Julie, Sandra, Aïssatou ou Dominique… Elles étaient nos filles, nos sœurs, nos nièces, nos amies. Elles ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Elles sont 70 depuis le 1er janvier. Pour vous c’est un fait divers, pour nous un drame à jamais. Nombre d’entre elles ont porté plainte plusieurs fois, elles n’ont pas été entendues. Elles ont cherché de l’aide et on les a renvoyées chez elles à la merci de leur agresseur. Certains de leurs enfants sont toujours aux griffes des ex-conjoints violents. Les dysfonctionnements sont multiples, à toutes les étapes du parcours de combattante auquel elles se sont heurtées. Certes il n’y a qu’un seul coupable : l’homme qui les a tuées. Mais il y a une chaîne de responsabilité parce qu’elles n’ont pas été suffisamment protégées. Nous avons honte pour notre pays qui est incapable de sauver 130 de ses filles chaque année. Les lois existent mais qui les applique ? Combien faudra-t-il de meurtres, d’orphelins et de marches blanches pour que nous prenions enfin conscience de la gravité du problème ? »
Cette tribune est lue et reprise par des associations, des personnalités célèbres qui prennent la parole dans les médias. Le Premier Ministre indique que, début septembre, il va rassembler les Ministères, la Police, les associations de victimes, les familles, les avocats, les juges pour « trouver de vraies solutions ».
La décision du gouvernement est critiquée car, pendant ce temps, des femmes continuent de mourir.
Par exemple, le 16 septembre, Johanna, une mère de 3 enfants ans a été frappée de 14 coups de couteau, en pleine rue du Havre. En couple depuis 7 ans, elle était en cours de séparation. Elle avait déposé 2 plaintes, classées « sans suite ». Elle était alors partie vivre dans un foyer pour femmes. Mais son compagnon l’a retrouvée ! Il a avoué les faits et est maintenant en prison. Mais, la famille de Victoire la pleure et dénonce l’inaction des pouvoirs publics.
« Féminicide » est un mot souvent employé maintenant dans la presse mais, en France, le mot n’est pas dans le droit pénal qui n’accepte que « l’homicide » – un terme qui ne fait pas de différence entre les victimes, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. Ce n’est pas le cas dans tous les pays : par exemple en Amérique du Sud plusieurs pays (Chili, Mexique, Brésil…) punissent plus lourdement les crimes dont les femmes sont victimes parce qu’elles sont des femmes.
Et maintenant, 4 questions de compréhension sur l’article ! N’oubliez pas de mettre votre adresse mail pour recevoir la correction – et de cliquer sur « Envoyer » quand vous avez fini.
Ecrire. Et dans votre pays ? Quelle est la situation concernant ce problème? Utilisez le lien ci-dessous. Si j’ai assez de retours, j’ouvrirai un article avec vos réponses…