Nouveau mot : « antispécisme »

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(Niveau C2). Pour expliquer ce mot que les médias utilisent maintenant souvent, le plus simple est de commencer par expliquer son contraire : « le spécisme ». Il s’agit d’un courant de pensée qui fait une hiérarchie entre les êtres vivants, les classe en « espèces » (d’où son nom de spécisme ) et qui met l’homme au sommet de celles-ci. Pour faire court, on trouve cette idée dans les grandes religions monothéistes comme dans la philosophie classique : Descartes est un excellent représentant de cette façon de voir, lui qui voit dans l’animal une machine perfectionnée et place les hommes, inventeurs des techniques, « comme maîtres et possesseurs de la nature ». 

L’antispécisme est donc la position contraire : elle considère que l’homme n’est au sommet d’aucune  pyramide et que les animaux sont injustement traités par lui.

Cette théorie est née dans les années 70 avec les prises de position d’un psychologue britannique (R. Ryder) qui critiqua les préjugés de l’homme vis à vis des autres espèces. Elles se sont diffusées avec un livre intitulé « La Libération animale » (1975) publié par le philosophe australien Peter Singer.

Depuis, la cause de l’antispécisme a quitté la place tranquille des librairies. Elle a été popularisée en France dans les grands médias (radio, télé…) par un chroniqueur de France 2, militant de la cause végétarienne, puis par l’association L214 qui a tourné plusieurs vidéos montrant des abattages, des élevages d’animaux dans des conditions affreuses. Les réseaux sociaux ont abondamment diffusé ces idées. Ces derniers mois, des actions ont été menées et plusieurs militants antispécistes ont été convoqués au Tribunal pour avoir saccagé les vitrines de plusieurs boucheries dans différentes villes. Dans d’autres lieux , ce sont des cirques qui ont été la cible de boycott.

ici des militants d’un groupe « antispéciste » s’opposent au commerce de la viande en répandant du sang (ou de la peinture rouge ?) devant une boucherie de Paris.

« Internet » vous donnera beaucoup d’informations sur cette nouvelle façon de penser, que ce soit du point de vue des personnes favorables comme des opposants. 

Quoi qu’on pense du spécisme et de l’antispécisme, la façon dont les animaux sont perçus a commencé à changer : le 28 janvier 2016, le Parlement français a voté une loi qui donne aux animaux le statut « d’êtres vivants doués de sensibilité ».  Ainsi les les animaux n’étant plus reconnus comme des biens matériels, les mauvais traitements peuvent être punis plus sévèrement. 

Rappelons que la France est le premier producteur européen pour son agriculture, 1e producteur pour les volailles, les bovins… Et aussi que 12 millions de chats, 7 millions de chiens, 34 millions de poissons et d’oiseaux et 3 millions de petites mammifères (cobayes, cochons d’Inde…)  vivent dans des familles françaises. Un foyer français sur deux a un animal. C’est donc une question importante dans ce pays. Mais les Français ne sont pas les seuls à se préoccuper de cela : le regard que nous portons sur les animaux sera probablement un des grands changements du 21e siècle !

POUR ALLER PLUS LOIN : mots nouveaux (suite)

  • Sentience (n.f.) est aussi un mot que vous pouvez trouver dans la presse, même s’il n’est pas dans le dictionnaire. Il s’agit de la capacité de sentir des émotions, des besoins. Chaque être possède une sentience. Une des revendications des antispécistes est que les actions des hommes tiennent compte de la sentience des animaux.
  • « L’amendement Cazebonne » :   – un amendement est un petit article qui vise à modifier ou compléter une loi.  – madame Cazebonne est le nom de la députée qui a proposé cette mesure à l’Assemblée Nationale. A partir du 1er novembre 2019, tous les élèves de France mangeant à la cantine devront apprendre à se passer de viande et de poisson au moins une fois par semaine – mais ils pourront toujours manger œufs, lait et fromage. Et ceci pendant 2 ans. (Après, un bilan sera fait.)
  • Flexitarisme (n.m)  : vous connaissez les végétariens (ceux qui ne mangent ni viandes ni poissons ), les végétaliens (ceux qui refusent en plus les oeufs, le lait, les fromages…) et les végans qui  ajoutent à la liste un refus de tous les produits dérivés de l’animal (le cuir des chaussures, la laine, la soie…) mais connaissez-vous les flexitariens ? Selon…. 34 % des Français sont flexitariens alors que 2 % sont végétariens et 0,5 % sont végétaliens. Alors « flexitariens » ? Ce sont les personnes qui réduisent volontairement la consommation de protéines animales (viande, poissons, oeufs, lait…), pour des raisons de santé (de plus en plus de professionnels de santé conseillent de n’en manger que 3 à 4 fois par semaine) mais aussi pour des raisons éthiques  (par exemple, à cause des conséquences de l’élevage sur l’empreinte écologique et les gaz à effet de serre ). Elles continuent à en manger (d’ou flexibles dans le mot) mais dans une optique de réduction. 

Quelques acronymes à connaître : 

La SPA  : Société Protectrice des Animaux. Très grosse association. Possède beaucoup de refuges en France et intervient régulièrement pour la défense des animaux. 

L214 : association créée en 2008 par des militants végétariens qui s’opposaient au gavage des oies. Depuis, ses effectifs ont augmenté et ses actions ( vidéos clandestines qui montrent le , dégradations de commerces de bouche…) visent à dénoncer les conditions d’élevage, de transport, d’abattage qui touchent d’autres animaux (poules, vaches, cochons…). Son nom fait référence à l’article L214 du code rural : en 1976, les animaux y sont pour la première fois désignés en tant qu’êtres sensibles. Art L214-1 : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. »