Nouveau mot : « Glottophobie »

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Etes-vous glottophobe ? 

Non, ce n’est pas une nouvelle maladie ! Cela désigne l’attitude méprisante de certaines personnes envers d’autres qui ont un accent, attitude qui peut aller jusqu’à la discrimination négative. 

Ce néologisme a été créé du grec glôtta (1) et phobie (2). Pourquoi ce nouveau mot (au programme des thèmes du C1 C2 du DALF rubrique « les langues et la francophonie ») a-t-il fait l’objet de plusieurs articles dans la presse ? Plusieurs exemples : il y a quelques mois, un homme politique de premier plan s’est moqué d’une journaliste de Toulouse qui lui posait une question. Et récemment, lors de la nomination de Jean Castex comme premier ministre, les remarques, les plaisanteries sur sa façon de parler ont été nombreuses : il vient du Gers. (Mais si ! vous connaissez : c’est un département de la région Midi-Pyrennées).

Les accents régionaux sont nombreux en France. Le film « Bienvenue chez les Ch’tis » a popularisé le parler d’une partie du nord (le fameux « Ca va biloute ? ») mais il y a aussi le parler « marseillais » (ou méridional) – qu’on reconnaît avec le long «e» de la fin des phrases, le parler banlieue et son « wesh-wesh »…) etc. 

Ces accents qui se démarquent (3) des intonations standardisées (le français « de Paris » qu’on parle à 99% dans les médias) font partie de la culture nationale. Néanmoins beaucoup de personnes « qui ont un accent » témoignent de réactions mitigées : des sourires amusés mais aussi des remarques désobligeantes. Nombreux sont ceux qui parlent de discrimination : dans un article du Monde, on peut lire qu’une jeune femme qui travaille dans l’immobilier dit que son employeur lui a fait remarquer que son accent ne serait « pas sérieux », « pas professionnel ». Une vendeuse dans une boutique de Paris est priée de « faire attention quand elle parle ». Mais c’est dans les médias que les pressions semblent être les plus fortes. Un journaliste basque raconte qu’on lui a demandé à de nombreuses reprises de gommer (5) celui-ci pour faire sa chronique. Il a toujours refusé mais, au regard des autres témoignages, cela semble une exception.

C’est qu’en France subsiste une vision puriste de la langue, qui date du 17e, un parler bourgeois s’est imposé au détriment des autres formes de parler : c’est ainsi que les langues régionales ( associées à la ruralité et au manque d’éducation) ont été chassées des cours des écoles au début du XXe siècle. 

Vocabulaire : (1) glôtta = langue en grec (vous connaissez probablement le mot « glossaire » / (2) phobie = peur de (beaucoup de mots sont construits avec ce suffixe agoraphobie = peur de la foule, aquaphobie = peur de l’eau…) / (3) se démarquer = être différent / (4) mitigé : tout le monde n’est pas d’accord – le robinet qui mélange l’eau chaude et l’eau froide dans votre cuisine s’appelle un mitigeur / (5) gommer : rendre moins visible, effacer – la gomme sert a effacer)

Et maintenant un exercice de rédaction si vous le souhaitez ! Entrainez-vous à la rédaction de l’essai.